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Avant-propos
Ce livre s’est imposé comme une réponse à des trébuchements sur des incohérences rencontrées en « circulant » sur Internet. Outil devenu indispensable, Internet est un champ hautement démocratique et comme tel véhicule d’innombrables réflexions. Il faut zigzaguer entre les blogs, informations, désinformations, textes académiques, thèses et opinions, commentaires et réponses aux commentaires. Apparaissent des contradictions qui dévoilent des confusions.
Ce champ extraordinaire devient miné lorsque l’art est en question. À de profonds désaccords en matière d’art s’ajoutent des opinions confuses. Des articles et discussions, se dégage une série de questions qui démontrent la difficulté à définir des notions claires concernant l’art : sa spécificité, son contenu, son rapport au beau, la relation entre l’artiste et le spectateur, entre l’art et la société… La problématique de l’art contemporain renforce la confusion. À chaque lecture, on rencontre l’artiste, l’amateur d’art ou le simple citoyen concerné par la vie culturelle totalement désorientés.
Ksenia Milicevic : Ksenia Milicevic ajoute une
Ksenia Milicevic : Ksenia Milicevic ajoute une nouvelle corde à son arc et vient de publier son premier livre./ Photo DDM, YCS
D’origine slave, Ksenia Milicevic est architecte, urbaniste, diplômée des Beaux-Arts, peintre de renommée internationale. Avec deux cents expos à travers le monde, des œuvres dans plusieurs musées, elle partage son temps entre Saint-Frajou et Montmartre, où elle a un atelier au Bateau-Lavoir. À l’initiative de la création du musée de peinture de Saint-Frajou, elle vient de publier son premier ouvrage «Art-confusion.com», disponible sur Internet.
Pourquoi ce livre ?
Je me suis rendu compte qu’il y a une terrible confusion dans l’art. Il est considéré comme un outil de communication entre les hommes, comme historiquement dépassé, s’il n’est tout simplement nié. Pour certains, l’art est dans un domaine mystérieux, que l’on arrivera jamais à définir. Je réponds à tout cela, à travers ce livre.
D’où vient cette confusion ?
La spécialisation dans les connaissances : histoire de l’art, sociologie, ethnologie… chaque branche va se pencher sur l’art à sa manière. Le retrait du divin a provoqué un manque de fondement dans l’art car il ne repose plus sur le beau, qui était son fondement naturel. La philosophie met en doute la capacité de l’homme à définir objectivement le beau qui devient une simple question de goût et voilà la confusion au bout. Je considère que l’on peut définir l’art et je travaille autour de trois axes : par l’art, l’homme s’inscrit dans le monde, cette inscription se fait à travers une œuvre d’artiste qui se caractérise par son unicité. Cette œuvre unique rejoint l’unique du vivant. Elle a pour fondement le beau, qui n’est pas le joli de l’image mais la structure du tableau qui rejoint la structure du monde et je reprends la formule de Pythagore qui est l’équilibre et l’harmonie. Ensuite, l’artiste transcrit la connaissance du monde de son époque, ce qui donne la différence de styles à travers l’histoire. Enfin, l’homme est membre de la société et il parle de cette société dans son œuvre. Si un des trois points manque, on va se retrouver avec un objet décoratif ou un objet ethnographique ou un pamphlet social. L’œuvre d’art doit contenir les trois éléments en même temps. Elle ne prend sa forme définitive que dans le regard du spectateur et à chaque nouveau regard du celui-ci, elle est réactivée, c’est pour cela qu’elle est vivante.
Comment situer l’art contemporain qui provoque la mésentente entre spécialistes ?
Il faut faire la distinction entre œuvre d’art et image d’art. L’image d’art nous parle d’une époque mais ne contient pas des éléments de l’œuvre d’art. L’œuvre d’art nous parle aussi mais ce parler est transcendé par sa puissance esthétique. L’art contemporain se situe plutôt dans l’image d’art, donc il nous parle de notre époque, mais tout le côté esthétique est évacué. Et là, plus besoin de se disputer.
Y.CS
Art-Confusion.com De l’image d’art à l’oeuvre
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La confusion
La confusion La confusion règne lorsqu’on parle de l’art. Mais on peut se poser la question: Est-ce la confusion, l’ignorance ou le refus de définir un concept clair de l’art. Si nous parlons de l’art il faudrait parler du collectif et nous sommes si bien dans l’individuel. Il faut parler du beau, mais le beau est suspect, il est l’ordre. Nous sommes si bien dans l’aléatoire, dans le subjectif. Si nous parlons de l’art il faut parler du savoir-faire. Mais pourquoi faire si nous sommes tous des artistes depuis la naissance. Il faut parler de la rigueur. Encore suspect, et puis, c’est fatigant, c’est pénible, cela demande de l’effort. Nous sommes si bien dans le cool, dans le soft, dans le zen et le bien-être. Il faut parler aussi de la cohérence mais la cohérence c’est avoir à sélectionner, à faire des choix. Nous ne voulons pas faire des choix, nous voulons tout. Et il faut parler encore et encore du beau, mais rejeter de l’art le laid, le kitsch, la violence, ce serait de la discrimination. Nous avons tellement peur de discriminer que nous ne discernons plus rien. Alors, parlons du sens. De la connaissance, de la compréhension du monde, de la saisie juste du monde par l’artiste. Mais depuis Nietzsche et Freud nous savons bien que notre pauvre cerveau n’est pas capable de saisir quelque chose comme vérité alors nous sommes dispensés de penser. Et apparemment nos penseurs aussi.
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